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JFK « Il faut renouveler le journalisme »!

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Jean-François Kahn était l’invité des « Rencontres Polémiques » de Denis Tillinac, mercredi soir au Centre Universitaire Méditerranéen de Nice.

Jean-François Kahn donne son avis sur la presse actuelle. S.G/WTN

Après Éric Naulleau et Élisabeth Lévy, c’est Jean-François Kahn qui était à Nice pour débattre en public sur le thème « Moralité publique et système médiatique » et sur le sens des mots responsabilité et vérité pour les médias. Avant de s’installer au centre de l’hémicycle du C.U.M, il a accepté de répondre à nos questions. Point presse sur la presse pour l’ancien journaliste.

Jean-François Kahn, qu’est-ce que la responsabilité du journalisme de nos jours ?

« Un journaliste a avant tout la responsabilité de ne pas simplement retranscrire la réalité. À mon sens beaucoup ne font qu’observer et transmettre cette réalité. S’il fallait juste constater ce qu’il se passe, on apprendrait pas grand chose. Par exemple, si on regarde le soleil, de notre point de vue nous dirions qu’il tourne autour de la terre, or c’est l’inverse ! Il faut bien une réflexion pour dépasser l’apparence des choses. Un journaliste ne doit pas froidement constater mais déchirer le voile derrière lequel se cache cette réalité, ça demande une réflexion critique que les journalistes se doivent d’adopter.

La presse actuelle n’a-t-elle pas tendance à chercher l’exclusivité à tout prix, quitte à déformer les propos ?

La recherche du scoop dans la presse a toujours existée. En revanche, ce qui est nouveau avec internet c’est cette traque aux petites phrases. On abandonne le fond et l’argumentation pour ne retirer que quelques mots d’un discours. C’est une perversion absolument terrible.

Comme cela vous est arrivé durant l’affaire Dominique Strauss-Kahn en juin 2011, avec l’épisode du « troussage de domestique » * ?

Ce que je voulais dire, et je le pense toujours, c’est que Dominique Strauss -Kahn est un sexomane compulsif qui ne peut pas se contenir. Mais ce n’est pas un violeur. Les deux mots que j’ai employé étaient mal choisis, je n’ai pas de mal à le reconnaitre. En revanche, entre les attaques des sarkozystes qui voulaient m’abattre et celles des gauchos-féministes, les conséquences étaient disproportionnées

  »La presse actuelle ne correspond plus aux attentes des lecteurs »

Jean-François Kahn et Denis Tillinac en plein débat sur le système médiatique. S.G/WTN

Vous avez dirigé trois journaux, dont deux que vous avez créés, « L’évènement du Jeudi » et « Marianne ». Comment analysez-vous la crise actuelle que traverse la presse écrite ?

C’est compliqué, il y a beaucoup de causes pour une même conséquence. D’abord les raisons économiques, un journal revient cher à fabriquer et à distribuer ce qui se ressent sur le prix de vente. De plus, la crise économique mondiale provoque une baisse des investissements publicitaires. Ensuite la concurrence des gratuits mais aussi les journaux eux-mêmes qui se sabotent en diffusant les articles gratuitement sur internet. Pourquoi acheter le journal quand vous l’avez sur votre ordinateur ? À Marianne, nous avons créé un site, Marianne2, qui a son propre contenu différent du magazine. Par-dessus toutes ces raisons, il y a plus important : la presse actuelle ne correspond plus au public. Il y a un décalage entre l’offre et la demande, soit pour des raisons idéologiques, soit à cause d’une conception dépassée.

Il faut donc adopter une nouvelle façon de faire du journalisme ?

Oui, on ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas internet ou la télé ou comme s’il n’y avait pas cette crise de la lecture. Les jeunes ne lisent plus, les gens de moins de 35 ans ne comprennent plus nos phrases ! Il y a eu une révolution, on ne parle plus le même langage. Il faudrait donc dans un premier temps inventer une nouvelle langue qui corresponde aux attentes des lecteurs puis rompre avec ce système féodal qui règne dans les journaux. Directeur, directeur adjoint, rédacteur en chef, etc. C’est absurde. Il faut que tout le monde sorte, que ce soit plus vivant ! Que les journalistes ne se figent pas dans une même spécialité pendant vingt ans. Il faut renouveler le journalisme » !

* En mai 2011 Jean-François Kahn avait crée un scandale en parlant de « troussage de domestique » pour l’affaire Dominique Strauss-Kahn, accusé de viol sur Nafissatou Diallo.                                                 Les propos de JFK (sortis de leur contexte) cliquez  ici / Les explications de JFK sur ces propos, cliquez 


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